"Un Dieu qui compte les minutes et les sous, un Dieu désespéré, sensuel et grognon comme un cochon. Un cochon avec des ailes en or qui retombe partout, le ventre en l’air, prêt aux caresses, c’est lui, c’est notre maître." - Louis Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit.
«La marque du sacré «, titre d’un des derniers ouvrages de Jean-Pierre Dupuy ou l’auteur opère la synthèse entre la pensée de René Girard et celle d’Ivan Illich pour en démontrer l’étrange ressemblance et actualité. Chez Girard il en reprend la révélation de la structure violente du sacré archaïque issus du désir mimétique, (La violence et le sacré, Des choses caché depuis la fondation du monde), pour retrouver cette même structure violente dans la critique que réalise Illich sur l’économie moderne (La convivialité, Énergie et équité). Si l’on ne sacrifie plus directement des victimes comme dans les civilisations pré-chrétiennes, l’économie capitaliste sacrifie d’une façon indirecte par l’exclusion, le chômage, le suicide, la destruction de la nature. De même que le sacré est la forme inconsciente qu’a inventée l’humanité pour résoudre sa propre violence, l’économie actuelle en est la continuité. Les deux contiennent la violence des hommes dans les deux sens du verbe contenir. Posséder la violence et faire barrière à la violence. Ce retour de l’archaïque dans le monde moderne sous une forme altéré, dégradé, ce néo-paganisme pourrait-on dire, ne s’exprime plus dans des rivalités mimétiques lié à la nourriture, les femmes ou le prestige, mais dans la possession des objets les plus divers, l’argent ou la célébrité. Le culte des idoles médiatiques, la consommation massive de drogues, la compétition généralisé dans tous les secteurs de la société et la pornographie omniprésente ne sont que des avatars dégénérés du religieux sacrificiel ou baigne une partie de la culture occidental. La crise actuelle de l’économie et son effondrement progressif ne peut seulement se comprendre que par sa fausse transcendance. Donc, après le serpent à plume Aztèque, le Pégase Grec, le lion ailé Perse, et le taureau ailé des Assyriens, voici venu le temps de « Porco Rex » le cochon ailé du ciel contemporain.